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de Beatrice Berrut
Biographie de Beatrice Berrut
Sa voix chantante et son rire flûté ne trompent pas sa détermination, qui rayonne de ses choix comme de son jeu. Beatrice Berrut est passionnée mais ne s'enflamme pas à l'excès, imprégnée de l'enseignement de Heinrich Neuhaus que lui transmettent deux de ses élèves, Esther Yellin à Zurich et Galina Iwanzowa à Berlin. « C'est une école qui prône le juste équilibre entre l'engagement émotionnel, qui doit être extrême, et un contrôle, une pensée architecturale des œuvres. Un pianiste est comme un funambule qui oscille sans cesse. Neuhaus disait qu'il fallait avoir le cœur brûlant et la tête froide. C'est très subtil. »
Cette subtilité, Beatrice Berrut la maîtrise assurément, n'hésitant pas à prendre du recul - elle travaille beaucoup en s'enregistrant - pour mieux envisager les lignes de chant, modeler les reliefs, faire éclater les couleurs d'une œuvre. Car l'école à laquelle elle s'abreuve est aussi celle du son. « L'instrument doit sonner comme un orchestre symphonique, avoir des timbres et des plans sonores différenciés. »
La jeune pianiste, qui vénère Alfred Brendel ou Radu Lupu, est aussi séduite par le caractère non normatif de la pensée de Neuhaus. Cet espace de liberté est celui de sa singularité, où elle évolue avec ses compagnons de tous les jours : Bach, qui structure sa pensée depuis son plus jeune âge, Mozart, son « thérapeute officiel », Brahms et Schumann, avec qui elle grandit, Liszt, un visionnaire qui lui donne du courage. Elle aime leurs œuvres mais aussi leurs tempéraments. « J'aime beaucoup la propension de Liszt à vivre les choses pleinement. Son parcours de vie est captivant. Liszt et Bach sont les compositeurs que je joue le plus, tous deux très spirituels. Cela me parle beaucoup, même si ma seule religion est la musique. » Ce compagnonnage évolue au fil du temps - elle a beaucoup joué, adolescente, Rachmaninov. Les enregistrements sont décidés à l'intuition, lorsqu'elle est sûre de son geste et intimement convaincue qu'il faut l'assumer et le défendre.
C'est ainsi qu'avance Beatrice Berrut, de façon assez solitaire et intérieure. L'Eurovision, le Festival de Gidon Kremer à vingt ans ? « Les vrais pas en avant que je fais, c'est chaque jour en travaillant mon piano. C'est là où je vais plus loin dans ma recherche artistique. La musique est pour moi comme la montagne, que je connais bien : un lieu de révélation, qui pousse à se dépasser. Chaque marche est un chemin intérieur que l'on fait. C'est aussi une grande zone de liberté, où l'on ne peut s'en remettre qu'à soi-même. On travaille son âme. »
Cette démarche lui permet de partager des émotions, dans un monde où elles sont bannies ou assimilées à des faiblesses. « La musique rétablit un dialogue profondément humain entre les êtres. C'est une vraie richesse, et une vraie responsabilité aussi. »