HOMMAGE A CHET BAKER
En jazz, les trompettistes ont soit le son étroit et acéré, type Dizzy Gillespie, soit large et rond, type Miles Davis et Chet Baker. Seul Louis Armstrong, le premier d'entre eux, réussissait ce prodige solaire : un son à la fois large, rond et acéré. Miles et Chet, dans le médium, on pense parfois qu'ils jouent du bugle, au son naturellement « buttery » (« beurreux »). Lire la suite
Le sort qu'il fait, par exemple, à La Chanson d'Hélène, de Philippe Sarde, composée pour le film Les Choses de la vie, petite merveille de simplicité affectueuse, montre que ce trompettiste a du coeur à revendre. On aime aussi comme il chante à l'instrument With a song in my heart, de Rodgers and Hart, en développant une ligne qui ne perd pas de vue celle de la chanson elle-même, comme si, en suivant la prescription de Lester Young, il gardait les paroles à l'esprit.
Dans ce même morceau, le contrebassiste Thomas Bramerie, se lance avec exubérance dans une improvisation étonnamment mélodique elle aussi. Une fois souligné l'apport constamment inspiré du guitariste Jesse Van Ruller, on dira juste que l'évocation par Amin Bouker de la voix de Chet sur Blame it on my youth paraît superflue. - Michel Contat