Le post-punk n'est pas mort ! Wedding Present et Chameleons en concert à Paris cet automne, on y était, on vous raconte !

Au Petit Bain à Paris samedi 29 novembre 2025, The Wedding Present faisait chemin inverse par rapport à son dernier concert dans la capitale en célébrant ses quatre décennies de carrière, et en offrant une série de titres incontournables, pourtant à quelques jours de la sortie d'un nouvel EP.
Éternel leader à la voix si particulière, David Gedge est aujourd'hui accompagné d'une jeune guitariste qui lui donne une sorte de réplique permanente, à la limite d'une joute destinée à le challenger sans jamais réussir à le dépasser. Cette formule ajoute une intensité et une frénésie aux guitares accélérées et aiguës, et même un deuxième degré à celui qui nous dira, sourire en coin au milieu du concert, qu'il essaie depuis quarante ans d'être un bon guitariste. Très punk !
Si le groupe de Leeds n'a jamais dépassé le cercle des initiés en France, il reste une page incontournable du rock anglais jalonnée d'épisodes révélateurs : repéré par le célèbre DJ de la BBC John Peel avant même d'être signé, et surtout toujours adulé par Steve Albini, qui les a produits plusieurs fois avec autant de fierté qu'il en éprouva aux côtés de Nirvana ou de Page & Plant. Au début des années 90's, The Wedding Present a classé un 45 tours chaque mois pendant toute une année dans les charts anglais, égalant ainsi Elvis Presley, détenteur exclusif de cette prouesse.
Mélodies imparables et mur du son maintiennent The Wedding Present au rang des vrais concerts de rock sans cliché et indémodables, avec cette tradition de terminer en posant les guitares et lancer : « Nous ne faisons jamais de rappel », provoquant quelques minutes excitantes de suspense, espérant vivre le moment unique d'une dérogation à la règle. Ce dogme sera le point commun avec The Chameleons qui, de leur côté, demandent à la production de l'annoncer avant de monter sur scène (leur concert durera 90 minutes et sera d'une telle intensité qu'ils ne reviendront pas pour un rappel. Pari tenu en termes d'intensité alors que, là encore, les partis pris sont inversés.)
Au Petit Bain, le groupe de Manchester joue un répertoire actuel en raison de la sortie d'un album en septembre dernier (sobrement baptisée 40, une quadruple compilation du groupe sous forme de rétrospective de l'ensemble de leur carrière). Le concert sera donc moins sous le signe du passé que celui du Cabaret Sauvage l'année dernière.
C'est dans un Élysée Montmartre complet que The Chameleons ont joué ce samedi 6 décembre 2025, enchaînant des titres d'un rock pur, habité par des fantômes de Ian Curtis et Bowie volontairement convoqués. Aujourd'hui culte, cette formation n'a pas pour autant croisé le grand public alors qu'elle avait le même niveau de composition et de charisme que U2 ou Simple Minds.
Aussi fou que cela puisse paraître, aujourd'hui ils semblent moins usés que leurs congénères. Leur son est arrangé de manière bien plus subtile : claviers et basse, si propres aux années new (voire cold) wave, sont d'une finesse parfaite. Cette exigence maintient le live dans un bain d'excellence et d'envoûtement, fusionnant fureur et balades. Si de récentes prestations des Chameleons annonçaient un petit début de déclin, celle-ci sur la scène parisienne a épaté par sa justesse et sa puissance.
Une soirée baptisée Christmas Party pour les cadeaux de deux invités en ouverture, tout aussi légendaires. Les précurseurs du punk et survivants du groupe Swell Maps ont ouvert en tout début de soirée pour un rock sec et carré, loin de l'époque du do it yourself, avant de laisser la place à Hugh Cornwell.
L'ancien leader et membre fondateur des Stranglers, à 76 ans, tourne en trio. La voix, un peu fatiguée et pourtant si prégnante, flirte toujours autant avec le crooning tout en restant l'illustration rêvée du rock'n'roll. Les deux plus grands standards des Stranglers ('Golden Brown', 'Always the sun') voyagent vers le jazz dans cette formule chaude où la guitare ne fait que slalomer entre basse et batterie... la basse toujours bien en avant : Stranglers un jour, Stranglers toujours !
Le regain d'intérêt pour cette scène dite post-punk n'est donc pas éphémère ! A quand un festival réunissant tous les groupes de rock et de post-punk des années 80's en France ?
Live report par Hervé Riesen






