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de Dirtmusic
Biographie de Dirtmusic
« Nous vivons une époque de dogmes et de vérités absolues. Un lustre digital voile toutes nos expériences. Comme beaucoup, je suis fatigué de cela. Nous devons peindre de nouveaux tableaux, plus honnêtes. Nous devons plonger nos mains dans la poussière. »
Cette déclaration d'intention de Chris Eckman dans les notes de pochette de son album The Black Field, en 2004, fournit, dans une large mesure, la clef de l'aventure DirtMusic : trois chanteurs/multi-instrumentistes occidentaux (les Américains Eckman et Chris Bockaw, l'Australien Hugo Race) en rupture de carrières rock fécondes mais frustrantes, partis en quête de sons purs, de mises en danger et d'échanges absolus.
Après une première étape européenne, à Prague, en 2007 (DirtMusic), le trio poursuit son périple dans le Sahara, puis à Bamako, le temps d'un album à parts égales avec les rockers touareg de Tamikrest, en 2010 (BKO). Aimantés par le Mali, Eckman et Race (sans Bockaw) y replongent en septembre 2012, malgré une situation politique délétère. Les deux compères s'installent dans le club de Salif Keita, ouvrent amplis et micros à leurs accointances locales. Ben Zabo, Samba Touré ou Virginie Dembélé sont de ceux qui font jaillir les morceaux à leurs côtés, méticuleusement recomposés ensuite. Le fruit de ces sessions avait donné lieu à Troubles, paru l'an dernier. Le premier volet, en fait, d'un diptyque dont ce Lion City forme la suite, mais bien différente.
Les premières pointes de guitares puis le chant halluciné d'Aminata Wassidjé Traoré sur une pulsation ouatée (Narha) posent les couches du voile psychédélique dont Eckman et Race ont recouvert les berges du Niger. Les guitares cristallines de Tamikrest, les basses aquatiques d'un dub, des chants venus de l'outre espace (Ben Zabo, Samba Touré, MC Jazz ou Ibrahima Douf) fournissent la face B de Bamako : rock et rageur, Troubles irradiait de l'énergie du jour ; ténébreux et sensuel, Lion City s'abandonne aux tourbillons de la nuit. Bâti sur un millefeuille de strates électroniques, guitares vintage et instruments acoustiques maliens, Lion City confirme la validité de la démarche : en plongeant dans la poussière, les mains peuvent remonter des pépites d'or.
Bertrand Bouard - MONDOMIX -
