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Une famille de spiritualistes, d'écrivains et d'interprètes de générations en profondeur; une maison hantée par les légendes de la littérature et de la musique; bouleversement personnel et sentiment de déchéance dans le temps: telles sont les origines de la chanteuse, auteur-compositeur et multi-instrumentiste Vera Sola.

Avec une voix éthérée à la base d'un corpus de chansons envoûtant, son son intemporel et sa présence sur la scène captivante attirent une connexion improbable entre Vera Lynn et Vera Hall; la grande dame du music-hall britannique et chanteur de chansons de travail et de spirituals alabamiens de la Grande Dépression.

Enfant, elle jouait du piano classique, puis de la guitare et de la basse, apprenant plus par instinct que par instruction. Lecteur et écrivain obsessionnel, elle avait toujours écrit de la poésie et était fascinée par les jeux de mots. Elle était tombée amoureuse de la littérature russe et des œuvres de Dylan Thomas, James Joyce et William Faulkner. Tout cela, associé à une carrière d'acteur de théâtre et de voix, combiné à des années de tournée dans le groupe d'Elvis Perkins, servirait de point de départ à Vera Sola.

Mais ce n'est qu'au début de 2017, lorsqu'elle a réservé du temps au Native Sound Studio de Saint-Louis, qu'elle a commencé à expérimenter l'idée d'enregistrer son propre matériel. Elle n'avait même pas partagé sa musique avec ses amis les plus proches et sa famille, et encore moins enregistré quoi que ce soit d'elle-même.

Même dans ce cas, malgré une lignée et une vie de performance publique, elle a senti une barrière qui lui bloquait la voix. Écrire et jouer venaient facilement, mais chanter ses propres chansons présentait un défi différent. Elle ne pouvait pas expliquer et ne pouvait pas trembler.

Cela changerait tout. Juste avant son voyage à Saint-Louis, une série d'événements qui ont changé sa vie a marqué un changement radical qui a redéfini ses relations avec sa musique. Avec tout ce qu'elle avait su pour être vrai, maintenant effacée, la peur qui l'avait empêchée de traduire le son de son sang en chanson disparaissait.

En entrant dans le studio, elle a abandonné son projet de faire venir d'autres musiciens. Elle décida plutôt de faire l'album entièrement seul, en récupérant des instruments qu'elle n'avait jamais joués auparavant, en tirant d'eux la musique interne qui était restée si longtemps inexprimée. Elle a enregistré en utilisant quelque chose à portée de main. Os et bris de verre, chaînes et classeurs, marteaux et deux par quatre. D'innombrables pièces mobiles méticuleusement stratifiées et arrangées. Et cette vieille peur rejetée lui apportait de nouvelles capacités, un changement de voix, y compris un vibrato d'un autre monde. Elle était devenue un vaisseau capable de canaliser à la fois son moi le plus profond et pourtant quelque chose de tout à fait au-delà d'elle.

Ce qui a émergé de ces sessions a été son premier album, SHADES, une collection de dix ballades bien affinées et parfaitement rendues. Des poèmes et des histoires livrés dans un style maniéré mais nonchalamment dédaigneux - plein de chagrin, mais archi-voilé. Des chansons du présent qui évoquent le passé. Récits de femmes et de leurs fantômes: des échos de souvenirs inoubliables. des relations sur ou actuelles mais passagères; de l'extinction des espèces; la capture violente d'un paysage féminin et des esprits qui subsistent longtemps après; des messagers de l'autre côté.